Enfreinte à la protection des données : Google paie quelque 392 millions de dollars

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Dans le cadre de la transaction, Google s’engage à faire preuve de plus de transparence (source: IMAGO / Christian Offenberg)

Aux États-Unis, Google s’est accordé avec 40 États fédéraux sur le paiement d’une amende de 391,5 millions de dollars américains. Lors d’une enquête, les procureurs généraux des États fédéraux étaient arrivés à la conclusion que la multinationale a collecté des données de localisation d’internautes bien qu’ils aient désactivé l’historique des positions.

Il s’agit de la plus grande transaction sur la protection des données au niveau des États fédéraux dans l’histoire des USA, a souligné lundi le procureur général du New Jersey. Ellen Rosenblum qui, en tant que procureure générale de l’Oregon, avait conduit la transaction en coopération avec le Nebraska a ajouté : « Pendant des années, Google a fait passé le profit avant la vie privée de ses utilisateurs. »

Dans le cadre de leur enquête, les autorités avaient constaté qu’entre 2014 et 2019, Google n’avait pas suffisamment informé ses utilisatrices et utilisateurs sur la collecte des données de localisation. Google avait expliqué aux internautes qu’ils pouvaient désactiver l’acquisition des données de localisation dans leur compte Google sous l’option « Historique des positions » – mais il n’avait pas indiqué que l’acquisition de la position était également activée dans « Activité sur le web et les applications » et qu’elle devait y être aussi désactivée.

Cela a conduit au fait que des millions d’utilisateurs des applications de Google, telles que « Maps », ne savaient pas que leur position était enregistrée. Google a induit ses utilisatrices et utilisateurs en erreur, ont critiqué les procureurs généraux américains. L’entreprise a ainsi enfreint les lois fédérales sur la protection des consommateurs.

E. Rosenblum a déclaré : « Les consommatrices et consommateurs pensaient avoir désactivé les fonctions de suivi de la position chez Google mais l’entreprise continuait à enregistrer secrètement leurs déplacements et à utiliser ces informations pour des annonceurs. »

Google a introduit de nouvelles fonctions de suppression

Au total, Google doit désormais payer 391,5 millions de dollars américains – cette somme sera répartie entre les États fédéraux. De plus, l’entreprise s’est engagée, lors de la transaction, à faire preuve de plus de transparence. À l’avenir, Google doit afficher des informations supplémentaires à l’intention de ses utilisatrices et utilisateurs quand ceux-ci modifient les paramètres liés au lieu. Par ailleurs, l’entreprise doit fournir des informations détaillées à ce sujet.

Dans un article de son blog, Google a expliqué que certaines des pratiques qu’on lui a reprochées lors de l’enquête ont déjà été changées il y a plusieurs années. De plus, une nouvelle fonction devrait être introduite au cours des prochains mois, au moyen de laquelle les internautes peuvent supprimer plus facilement leurs données de localisation.

C’est une investigation de l’agence de presse Associated Press (AP) réalisée en 2018 qui avait motivé l’ouverture d’une enquête. AP avait rapporté à l’époque que de nombreux services de Google continuaient à collecter des données de localisation sur des smartphones Android et iPhones même lorsque l’historique des positions avait été désactivé.

Google utilise des données de localisation pour la publicité

Les données de localisation sont un élément essentiel de l’activité publicitaire de Google, a expliqué la procureure générale de New York. La multinationale a créé avec ces informations des profils d’utilisateurs détaillés et a permis à ses clients annonceurs d’afficher de manière ciblée des annonces.

Les données de localisation font partie des données personnelles les plus sensibles. Les procureurs généraux ont critiqué le fait que même un nombre limité de données suffisait à révéler l’identité et les habitudes d’un individu. Il est également possible d’en déduire d’autres informations personnelles.

Les défenseurs des données personnelles et des droits de l’homme pointent depuis longtemps le caractère sensible des données de localisation. Notamment parce que les autorités judiciaires américaines peuvent exiger la divulgation de ce type de données. Ces « Geofence Warrants » sont contestés : l’organisation de défense des droits de l’homme Electronic Frontier Foundation (EFF) y voit une enfreinte à la constitution américaine.

L’été dernier, des organisations, telles que Access Now, Amnesty International USA et Fight For Future, avaient demandé à Google de ne plus collecter les données de localisation.

D’autres États fédéraux américains portent plainte

En tout, 40 États fédéraux américains ont rejoint la transaction désormais conclue : parmi eux, citons l’Alaska, l’Arkansas, la Floride, l’Illinois, le Kentucky, le New Jersey, l’Oregon, l’Ohio, la Virginie et le Wisconsin.

En octobre, Google avait conclu une transaction comparable dans l’Arizona et s’était engagé à payer 85 millions de dollars américains. Le procureur général de cet État avait ouvert une enquête suite au rapport de l’AP de 2018.

De plus en janvier, les procureurs généraux de l’Indiana, du Texas, de Washington et du District de Columbia avaient porté plainte contre Google. Ils reprochent à la multinationale d’avoir dupé les consommateurs afin d’avoir accès à leurs données de localisation.

En Europe, l’autorité irlandaise de protection des données avait lancé en 2020 une enquête sur le traitement des données de localisation par Google après que des organisations de protection des données s’étaient plaintes. (js)