Les défenseurs des consommateurs européens s'attaquent à Google
Lors de la création d’un compte Google, le groupe inciterait les utilisateurs à accepter une « surveillance par l’entreprise ». C’est ce que plusieurs associations européennes de consommateurs reprochent à Google. Coordonnées par le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), elles ont donc déposé une plainte auprès des autorités de surveillance. Aux États-Unis également, les défenseurs des consommateurs demandent une enquête.
Les associations reprochent à Google d’utiliser un design trompeur, un langage peu clair et des choix déroutants pour que les consommateurs acceptent un traitement de données à grande échelle.
Lors de la création d’un compte Google, différents paramètres sont définis : le paramètre « Activité sur le Web et les applications » détermine par exemple si Google est autorisé à enregistrer les requêtes de recherche. Il est également possible de définir les paramètres de l’historique YouTube et de la publicité personnalisée. Google propose à cet effet l’option de « personnalisation express » : Les consommateurs activeraient ainsi tous les paramètres qui soutiennent les « activités de surveillance » de Google en un seul clic, selon l’association de défense des consommateurs.
Cinq étapes, dix clics
En revanche, il n’existe pas de possibilité de sélectionner en un seul clic des options plus respectueuses de la vie privée. Pour cela, il faut utiliser la « personnalisation manuelle » qui nécessite cinq étapes en dix clics. En outre, les utilisateurs devraient se pencher sur des informations que les défenseurs des consommateurs critiquent comme étant « peu claires, incomplètes et trompeuses ».
D’une part, les utilisateurs pourraient opter volontairement pour un compte Google, mais ce serait une condition préalable à l’utilisation de certains services Google : ainsi, les propriétaires d’un smartphone Android auraient besoin d’un compte Google s’ils veulent télécharger des applications du Google Play Store. Le compte Google serait le « fil conducteur » de l’utilisation des données des utilisateurs dans les différents services Google. Par conséquent, le processus d’inscription aurait un impact considérable sur la vie privée des consommateurs : l’expérience des utilisateurs serait unifiée et personnalisée pour tous les services Google via le compte.
Infractions au RGPD
Les défenseurs des consommateurs voient dans le processus d’inscription de Google plusieurs violations du règlement européen sur la protection des données (RGPD) : Google se référerait par exemple au consentement des utilisateurs comme base juridique pour le traitement des données. Or, le groupe ne demanderait pas de consentement valable et n’aurait pas non plus d’autre base juridique. De plus, le traitement des données personnelles par Google ne serait pas transparent. Car les finalités ne seraient pas indiquées au moment de la collecte. Cela constituerait une violation du principe de limitation des finalités et des obligations de transparence.
Les défenseurs des consommateurs reprochent également à Google de traiter plus de données que nécessaire et de les conserver plus longtemps que nécessaire. La conception du processus d’inscription serait en contradiction avec le principe des « paramètres par défaut respectueux de la vie privée » ancré dans le RGPD.
Les organisations de protection des consommateurs de plusieurs pays européens ont donc recours à différents moyens pour attaquer Google : les associations de France, de Grèce, de Norvège, de Slovénie et de la République tchèque ont chacune déposé une plainte RGPD auprès de leurs autorités de protection des données.
Les associations de consommateurs danoises, néerlandaises et suédoises ont écrit aux autorités de contrôle pour attirer leur attention sur les pratiques de Google. La Fédération allemande des consommateurs (vzbv) a adressé un avertissement à Google. Il s’agirait d’une première étape avant une éventuelle plainte civile.
Rosemarie Rodden, du service d’application des lois de la vzbv, a commenté : « Google ne fournit pas les options les plus respectueuses de la vie privée lors de l’enregistrement ». Le groupe rendrait inutilement difficile pour les utilisateurs la protection de leurs données personnelles.
Les défenseurs des consommateurs américains demandent à la FTC d’enquêter
Aux Etats-Unis également, dix organisations souhaitent qu’une enquête soit menée : sur la base de l’enquête du BEUC, elles ont écrit une lettre à l’autorité américaine de la concurrence et de la protection des consommateurs (FTC). L’autorité pourrait interdire les pratiques qui portent préjudice aux consommateurs. Certes, le processus d’inscription à un compte Google aux États-Unis serait structuré un peu différemment qu’en Europe. Mais les principales inquiétudes des associations européennes persisteraient et, à certains endroits, les informations seraient encore plus cachées pour les utilisateurs américains.
En 2018 déjà, des associations européennes de protection des consommateurs avaient déposé une plainte contre la collecte de données de localisation par Google. Mais l’autorité irlandaise compétente en matière de protection des données n’a toujours pas pris de décision dans cette affaire, a indiqué Ursula Pachl, directrice générale adjointe du BEUC. Elle demande maintenant des « actions rapides » des autorités. Il serait inacceptable qu’un des plus grands fournisseurs ignore le RGPD. (js)