Étude : le changement climatique affecte l’économie mondiale

« Il nous coûte beaucoup moins cher de protéger le climat que de ne pas le faire. » – Leonie Wenz, chercheuse à l’institut PIK(source: )

Selon un nouveau calcul, l’économie mondiale risque de se contracter d’environ un cinquième d’ici le milieu du siècle en raison des effets du réchauffement climatique – et cela même si les émissions de gaz nocifs pour le climat étaient considérablement réduites à l’avenir. En l’absence de réduction des émissions, on peut s’attendre à des dommages économiques encore plus importants que les 38 billions de dollars américains par an, comme l’ont calculé les chercheurs de l’Institut PIK (Potsdam-Institut für Klimafolgenforschung – institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact climatique) dans une étude publiée mercredi dans la revue spécialisée Nature.

Ces dommages seraient six fois plus élevés que les coûts estimés des mesures de protection pour limiter le réchauffement climatique à un maximum de deux degrés, ont rapporté les auteurs.

« Ces pertes sont causées par un large éventail d’impacts économiques du changement climatique, tels que les répercussions sur les rendements agricoles, la productivité du travail ou les infrastructures », a déclaré Maximilian Kotz, chercheur au PIK et auteur principal de l’étude. Les dommages étaient principalement dus à la hausse des températures, mais aussi aux changements concernant les précipitations et la variabilité de la température. Et ces dommages sont encore plus élevés si on tient également compte d’autres phénomènes météorologiques extrêmes tels que tempêtes ou feux de forêt.

Pour le calcul, les chercheuses et chercheurs ont analysé les données de plus de 1600 régions au cours des 40 dernières années et ont examiné comment les conditions météorologiques extrêmes influaient sur la croissance économique. Sur la base de modèles climatiques, ils ont calculé quel serait leur impact économique dans les 26 prochaines années.

Répartition inégale des dommages

Selon les régions, les dommages attendus varient considérablement. L’étude indique que les pays tropicaux les plus pauvres et les moins responsables du changement climatique seront les plus durement touchés. Les pertes de revenus pourraient y être 60 % plus élevées que dans les pays plus riches. Et ces États disposeraient des ressources les moins importantes pour s’adapter à l’impact climatique. D’autres études ont déjà montré que les personnes vivant dans les pays les plus pauvres souffriront aussi le plus de la hausse des températures en termes de santé.

Pour la plupart des régions du monde, on prévoit d’importantes pertes de revenus, l’Asie du Sud et l’Afrique étant les plus touchées. Les températures étant déjà plus élevées là-bas, le changement climatique y aura l’impact le plus marqué. Mais d’importantes pertes de revenus sont également prévues pour l’Amérique du Nord et l’Europe. Pour l’Allemagne, les chercheurs prédisent – comme pour les États-Unis – que l’économie va se contracter de 11 % d’ici le milieu du siècle, par rapport à un scénario sans conséquences climatiques.

Les données se réfèrent à un scénario dans lequel il est possible d’atteindre une trajectoire qui limitera le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius d’ici la fin du siècle. Selon les Nations Unies, les plans actuels de protection climatique ne sont pas suffisants pour y parvenir.

Solutions claires

La chercheuse Leonie Wenz a souligné que les dommages attendus sont le résultat des gaz à effet de serre déjà émis. Pour les amortir, des mesures d’adaptation sont nécessaires. « En outre, nous devons réduire considérablement et immédiatement nos émissions de CO2 », a déclaré L. Wenz.

Et son collègue Andreas Levermann d’ajouter : « La température de la planète ne peut être stabilisée que si nous cessons de brûler du pétrole, du gaz et du charbon. » Sinon, les pertes économiques seront encore plus importantes dans la seconde moitié du siècle, atteignant une moyenne mondiale de 60 % à la fin du siècle.

Les calculs actuels de l’équipe de Potsdam sont étonnamment proches des prévisions connues sous le nom de rapport Stern, que l’économiste Nicholas Stern a calculées il y a près de 20 ans pour le compte du gouvernement britannique : le changement climatique risque d’entraîner une baisse de l’économie internationale d’environ 20 %, selon l’étude présentée en 2006. La conclusion était déjà à l’époque : protéger le climat est coûteux, mais ne pas le protéger est encore plus cher. (dpa / hcz)