La pression des autorités iraniennes sur les médias s'intensifie
Deux journalistes iraniens arrêtés début février ont de nouveau disparu, rapporte l’organisation Reporters sans frontières (RSF). À l’approche des élections législatives, la répression contre les journalistes s’intensifie, alerte l’organisation.
Début février, les forces de sécurité iraniennes avaient pris d’assaut la rédaction du site d’information libéral « Farda-e-Eghtesad ». D’après les rapports (en anglais), les locaux de la rédaction à Téhéran ont été perquisitionnés et les appareils électroniques confisqués. Les quelque 30 employés n’ont pas été autorisés à quitter le bâtiment ni à entrer en contact avec leurs proches ou avocats.
Ils ont été retenus jusqu’au lendemain et certains d’entre eux ont même été interdits de sortie pendant quatre jours, rapporte RSF. À la suite de cela, quatre journalistes ont été emmenés.
Selon RSF, la libération du rédacteur en chef adjoint Behzad Bahmannejad et du journaliste Mehrdad Asgari a été annoncée la semaine dernière, mais ils auraient reçu l’ordre de ne pas s’exprimer sur leur détention. RSF dénonce le fait que l’on ne sache toujours pas où se trouvent les journalistes Nikan Khabazi et Ali Tasnimi, également arrêtés, et demande leur libération.
15 journalistes en détention
Jonathan Dagher de RSF a commenté : « Ces tactiques d’intimidation et de terreur de type mafieux font partie des efforts continus des autorités pour réduire au silence les journalistes iraniens et ne doivent pas être autorisées à continuer. Nous demandons la libération immédiate des deux journalistes de Farda-e-Eghtesad ainsi que des 15 autres journalistes actuellement détenus en Iran ».
Selon RSF, la justice iranienne a déclaré que la descente de police n’était pas liée au travail journalistique de la rédaction, mais aucune raison n’a été avancée. Selon les informations de RSF, l’action de la justice serait liée à un reportage vidéo. Mais les détails de sa publication, de son contenu et de sa suppression survenue entre-temps ne sont toujours pas clairs.
L’organisation considère que l’action contre la rédaction s’inscrit dans le cadre d’une répression croissante précédant les élections législatives du 1er mars. En outre, le Conseil des experts, un comité de religieux islamiques, sera également élu. Les observateurs dénoncent toutefois le fait que les élections en Iran ne se déroulent ni librement ni de manière équitable.
RSF critique le fait que les autorités iraniennes arrêtent fréquemment des journalistes et les condamnent dans le cadre de procédures inéquitables. Leurs conditions de détention mettent souvent leur vie en danger.
D’après les données de l’organisation de défense des droits humains HRANA (en anglais), les autorités ont condamné lundi la journaliste Saba Azarpeik à deux ans de prison pour avoir prétendument diffusé de fausses nouvelles. Quelques jours plus tôt, une autre journaliste avait été condamnée à six mois de prison pour le même motif.
Censure généralisée
L’Iran occupe la 177e place sur 180 pays dans le classement de RSF sur la liberté de la presse. Depuis la révolution islamique de 1979, le pays compterait parmi les plus répressifs au monde pour les journalistes. Les médias sont soumis à un contrôle systématique.
Les informations indépendantes sont souvent diffusées via les réseaux sociaux, mais de nombreuses plateformes sont bloquées en Iran, notamment Facebook, TikTok, YouTube et X (anciennement Twitter). Les autorités ont récemment interdit (en allemand) l’utilisation des services VPN, qui permettent de contourner les blocages de réseau. Les utilisateurs se plaignent depuis lors de restrictions. (js)