Les prix Nobel alternatifs ont été attribués

Les lauréats
Démocratie au Bélarus, racisme aux États-Unis – les domaines d’action des lauréats ne pourraient être plus d’actualité.

Pour la première fois dans l’histoire des prix Nobel alternatifs, des militants des droits humains venant d’Iran et du Bélarus ont été récompensés de cette distinction prestigieuse. Le prix, qui porte officiellement le nom de Right Livelihood Award, est notamment attribué cette année à l’avocate des droits humains Nasrin Sotoudeh, actuellement en détention en Iran, ainsi qu’au défenseur des droits humains Alès Bialiatski et au centre des droits de l’homme qu’il a fondé, Viasna. C’est ce qu’a annoncé la Fondation Right Livelihood jeudi, à Stockholm.. Ont également été récompensés par le prix l’avocat des droits civiques Bryan Stevenson des États-Unis et la militante Lottie Cunningham Wren du Nicaragua.

De l’attention pour des militants méconnus

Le jury reste ainsi fidèle à sa ligne et récompense quatre personnalités qui ne sont pas vraiment au centre de l’attention internationale. Il est toujours allé dans ce sens précédemment, même si de temps à autres, des noms plus connus étaient apparus dans la liste des lauréats – l’année dernière, par exemple, celui de Greta Thunberg. Avec la militante suédoise pour le climat ont été récompensés la défenseure des droits humains Aminatou Haidar du Sahara occidental, la militante chinoise du droit des femmes Guo Jianmei ainsi que l’Amérindien Davi Kopenawa et son association autochtone Hutukara Yanomami.

Le Right Livelihood Award, décerné depuis 198,0 est connu en tant que prix Nobel alternatif. Avec lui, la Fondation Right Livelihood rend hommage à ceux qui s’engagent d’une manière conséquente pour la paix et pour un monde plus juste et plus durable, encourant souvent des risques importants. Cette année, 182 nominations de 71 pays envoyées à temps jusqu’à début mars ont été prises en compte. Cette distinction se veut ainsi porteuse d’une attitude critique envers les véritables prix Nobel, dont les lauréats seront annoncés à partir du 5 octobre à Stockholm et Oslo.

Contre les menaces envers la démocratie

Comme c’est souvent le cas, les prix Nobel alternatifs viennent cette année de parties du monde très différentes. Cependant, c’est la lutte pour l’égalité, la démocratie, la justice et la liberté qui les unit, comme l’a déclaré le directeur de la fondation Ole von Uexküll lors de l’annonce des prix. « En luttant contre des systèmes juridiques injustes et des régimes politiques dictatoriaux, ils parviennent à renforcer les droits humains, soutiennent les sociétés civiles et dénoncent les manquements institutionnels. »

Avec la sélection de cette année, la volonté était de jeter la lumière sur les menaces envers la démocratie qui s’intensifient dans le monde entier. « Il est grand temps que nous tous qui, dans le monde, croyons en la démocratie, nous levions et nous soutenions les uns les autres. »

Les lauréats

L’Iranienne Sotoudeh et le Bélarusse Bialiatski avec Viasna sont chacun les premiers lauréats des prix Nobel alternatifs dans leur pays. Sotoudeh, actuellement en détention, est récompensée car, d’après le jury, elle s’engage sans réserve pour la promotion des libertés politiques et des droits humains en Iran. Quant à Alès Bialiatski et au centre Viasna, ils recoivent le prix « pour leur combat déterminé pour l’avènement de la démocratie et des droits humains au Bélarus » – un thème qui, au regard des manifestations qui persistent contre le dirigeant controversé Alexandre Loukachenko, ne pourrait être plus actuel. Le prix pour Alès Bialiatski et Viasna est aussi une « expression de la solidarité internationale avec ceux qui se battent pour la liberté et la démocratie au Bélarus », a déclaré von Uexküll.

Avec la distinction de l’Américain (États-Unis) Stevenson, la Fondation Right Livelihood oriente l’attention vers un thème sociétal brûlant d’actualité, à savoir le débat sur le racisme aux États-Unis. L’avocat des droits humains aspire à la réforme de la justice pénale aux États-Unis ainsi qu’à la réconciliation des individus « au titre du traumatisme historique que représente le racisme ». Enfin, la Nicaraguayenne Cunningham s’engage sans relâche pour la protection du territoire des populations autochtones et contre leur exploitation et le pillage de leurs ressources, mais aussi, par ce biais, pour la protection de l’environnement.

Sotoudeh, Stevenson, Cunningham ainsi qu’Alès Bialiatski et Viasna seront, d’après les indications de la fondation, récompensés le 3 décembre dans le cadre d’une remise des prix qui devra se dérouler cette fois, en raison de la pandémie de Covid-19, de manière virtuelle. Chaque lauréat obtient un million de couronnes suédoises (environ 95 000 €) destinées à son travail. (dpa / hcz)