Une agence européenne met en garde contre les effets néfastes du changement climatique sur la santé
Selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), le changement climatique aggrave les inondations et les sécheresses et fait baisser la qualité de l’eau. Cela représente une menace croissante pour la santé des personnes, indique l’agence européenne basée à Copenhague dans son rapport publié mercredi. Elle appelle à une action rapide et à une meilleure coordination entre les gouvernements et les administrations afin de limiter ou d’éviter les risques sanitaires.
Aujourd’hui, un Européen sur huit vit déjà dans des zones potentiellement exposées aux inondations fluviales, continue le rapport (en anglais). Les personnes âgées, les enfants, les personnes en mauvaise santé, les groupes de population à faible revenu, les agriculteurs et les sauveteurs sont les plus touchés par les inondations, les sécheresses, les incendies de forêt ou les maladies transmises par l’eau et les agents pathogènes. Les décès, les blessures, les maladies infectieuses et les conséquences sur la santé mentale sont des effets du changement climatique qui se font déjà sentir dans toute l’Europe, déclare l’agence.
C’est pourquoi l’AEE demande plus d’engagement dans la lutte contre les conséquences sanitaires du changement climatique en cours. « Les politiques européennes existantes en matière de climat, d’eau et de santé offrent une base d’action solide, mais elles doivent être mises en œuvre de manière plus complète et systématique », a déclaré Leena Ylä-Mononen, directrice exécutive de l’AEE.
Chimie et maladies
Entre 1980 et 2022, les inondations ont officiellement tué 5582 personnes dans 32 pays européens. Selon le rapport, 53 millions de personnes en Europe vivent dans des zones potentiellement menacées par les inondations fluviales. Entre 2011 et 2021, ce chiffre a augmenté pour concerner 935 000 personnes de plus. Cela démontre l’extension continue des zones inondables. Un hôpital sur neuf en Europe est également menacé par ce danger.
Selon l’AEE, les inondations peuvent également entraîner une augmentation de la pollution dans les zones concernées, notamment en raison des rejets de l’industrie. Près de 15 % des installations industrielles en Europe se trouvent dans des bassins fluviaux potentiellement inondables. 36 % des stations d’épuration urbaines se trouvent dans ce type de zone. Les inondations favorisent de plus l’apparition de certaines maladies infectieuses comme le norovirus.
Une part croissante de la population européenne vit en outre dans des régions souffrant de pénuries d’eau permanentes ou temporaires. Ce problème se pose principalement – mais pas exclusivement – dans le sud de l’Europe. Environ 30 % de la population y vit dans des régions où la pénurie d’eau est permanente et 70 % dans des régions où elle est saisonnière, en été.
Les agriculteurs et les utilisateurs particuliers de puits sont particulièrement exposés aux effets de la sécheresse et de la pénurie d’eau sur leur santé. Pour les premiers, les sécheresses ont affecté leurs moyens de subsistance et leur santé mentale. Les utilisateurs de puits ont souffert de la mauvaise qualité de l’eau. De plus, les faibles niveaux d’eau augmentent la concentration de produits chimiques et de médicaments dans les eaux.
Le manque d’eau accentue également le risque d’incendies de forêt. Au cours des quatre dernières décennies, 702 personnes seraient décédées en Europe suite à ce type de catastrophe.
Des actions conséquentes sont nécessaires
L’AEE estime qu’il est urgent d’agir face à ces problèmes croissants. La législation européenne existante en matière de climat, d’eau et de santé doit être mise en œuvre de toute urgence, écrit l’AEE. Les solutions existantes doivent être introduites dans tous les secteurs et à tous les niveaux gouvernementaux. Des mesures sont nécessaires tant dans le secteur de la santé que dans d’autres domaines ayant un impact sur la santé, tels que la gestion de l’eau, l’aménagement du territoire, la planification urbaine ou les politiques d’assurances.
De manière générale, le changement climatique devrait être davantage intégré aux politiques sanitaires des États membres. Selon l’agence, les ressources et compétences pour l’adaptation au changement climatique qui mettent l’accent sur la santé doivent être renforcées.
« Les mesures pouvant être mises en œuvre rapidement comprennent la sensibilisation du public aux risques et aux solutions, tandis que les mesures à plus long terme, telles que l’amélioration des infrastructures et les solutions basées sur la nature, nécessitent une planification et des investissements systématiques », explique l’agence. En outre, les organismes responsables tels que les gouvernements, les agences de l’eau et les prestataires de soins de santé doivent mieux coordonner leurs efforts. (dpa / hcz)